Lecture des textes de Comte soumise aux méthodes du télescope et du kaléidoscop

Angèle KREMER-MARIETTI
Université de Picardie, Amiens
Groupe d’Études et de Recherches Épistémologiques, Paris

(Publié dans : Angèle Kremer Marietti (dir.), Auguste Comte, La Science, La Société, Paris :
L’Harmattan, 2009, pp 13-34)
1. Préliminaires sur l’interprétation du comtisme Les textes de Comte visent un mode « positif » d’énonciation, et il semblerait que leur interprétation ne pose aucun problème. Pourtant, cette philosophie qui se veut « positive » ne manque pas de présenter à l’interprète des difficultés de méthode ; des preuves en sont les mésinterprétations du comtisme.
L’exemple le plus éclatant en est le malentendu qui opposa Comte et Mill, et qui est évident à travers la correspondance qu’échangèrent les deux philosophes. En ce qui concernait directement Comte, dans la discussion il lui était impossible de se placer à un point de vue différent du sien. Pour Comte, on était à ses yeux soit un disciple, soit un dissident ou un hérétique. Bien sûr, cela tenait en partie à la personnalité de Comte, mais aussi au fait que, pour lui, comme l’écrit Lévy-Bruhl dans son Introduction à la Correspondance1, la philosophie positive présentait les mêmes caractères que la science. La vérité est que l’esprit systématique de Comte assurait constamment la
liaison logique de chaque élément de sa doctrine avec l’ensemble des éléments : et il gardait toujours présente à l’esprit la pensée de cet ensemble dans l’interactivité de ses éléments. Surtout, Comte interprétait tous les faits dans le sens de sa doctrine.

http://www.dogma.lu/pdf/AKM-ComteCaleidoscope.pdf