De la liberté positive

Lucien Samir Oulahbib

Résumé
Une grande confusion entoure le concept d’ordre social employé par Auguste Comte sous le terme de « l’organisation sociale ». La pensée contemporaine issue du communisme reproche à la notion d’ordre social l’idée de domination alors qu’il s’agit dans son emploi d’affirmer que l’organisation sociale est inhérente, en tant qu’organisation et, donc, division des fonctions sociales, à toute structure, y compris communiste ; c’est-à-dire également au-delà de sa forme positive inégale justifiée et injustifiée qu’il s’agit sans cesse d’affiner selon Comte dans une dimension socialiste au sens de viser à perfectionner l’organisation sociale moderne dans ses dimensions temporelles et spirituelles, qu’il s’agit par ailleurs de distinguer et non d’abolir2.
Autrement dit, sans ordre ou organisation sociale -que la politique positive est censée rendre plus moderne, ce serait l’anarchie non pas temporaire lorsqu’un régime politique en remplace un autre3, mais au sens littéral : les fonctions et leurs récompenses iraient encore bien plus au plus fort et au plus offrant puisqu’il n’y aurait aucune limite politique ou spirituelle. Comte s’oppose ici et précisément à ce qu’il nomme l’impasse de la doctrine critique qu’il considère par ailleurs comme le principal obstacle désormais à un réel accomplissement révolutionnaire ou liberté positive. Voilà pourquoi soutient-il son ami Proudhon parce que loin de faire venir le socialisme censé affiner la société moderne, le communisme, en refusant précisément le mouvement perfectible de l’organisation sociale au profit d’un effacement irréversible des fonctions et des divisions, prépare plutôt la venue d’une pensée totalitaire qui, en prétendant abolir les distances entre critique et organisation, spirituel et matériel, s’y substitue comme prisme unique et ordre total, c’est-à-dire organise en réalité la disparition de la morale publique au profit d’une confusion

http://www.dogma.lu/pdf/LSO-LibertePositive.pdf