Qui est le Nietzsche de Heidegger?

Mohamed Ben Arous

I – Questionnements préliminaires:
Quel risque de déshonneur pourrait encourir Heidegger s’il ne réussissait pas à réintégrer Nietzsche dans l’idéologie de l’Université allemande ? Quel butin espérait-il rapporter en s’attaquant aux ruches de la pensée nietzschéenne ? Les dialogues post mortem dont les instances intermittentes renvoient sans cesse à l’omnipotence du dispositif heidéggerien sembleraient n’être qu’une re-production de l’oeuvre émiettée de Nietzsche, détournée forcément de ses intentions les plus authentiques.
Certes, le corpus nietzschéen persiste à jamais comme un foyer de résistance témoignant de la joute livrée par le ratissage éclectique de Heidegger qui n’ y cherchait que ce qu’il avait décidé y trouver. De ce point de vue, Heidegger nous semble avoir commis à l’égard de Nietzsche le péché caractéristique de l’intellectus sibi permissus. Pourrions-nous, alors, nous fier à la projection heidéggerienne pour percer et élargir ou – pour parler comme Michel Foucault – conjuer «(…) la danse bandissante de Nietzsche.»1?

http://www.dogma.lu/pdf/BA-NietzscheHeidegger.pdf