Abdelaziz Ayadi
Faculté des Lettres et sciences humaines de Sfax
Département de philosophie
Interprétation et expérimentation sont-elles exclusives pour les formuler dans une alternative que rien n?empêche sa transformation en dilemme rappelant le fameux lit de Procuste ? Est-ce une erreur de postuler la contemporanéité de l?interpréter et de l?expérimenter ? Est-ce que l?un ne se constitue que par l?anéantissement de l?autre ou du moins par sa disqualification ? Si le rapport est aussi antagoniste, comment comprendre alors une visée commune qui fait et de l?interprétation et de l?expérimentation une création communicable ? Visée commune, oui, mais tout le problème réside encore une fois dans la détermination de la priorité et de la nécessité de la création ou de la communication. Qu?elle soit communication, l?interprétation l?a toujours été depuis son étymologie grecque comme hermenein et jusqu’à ses figures récentes chez Habermas, pour ne citer que lui. Qu?elle soit création, l?expérimentation l?est effectivement comme experere, comme généalogie du présent, comme force créatrice ou comme acte innovateur singulier. Qu?est-ce qui fait donc la difficulté ou même l?impossibilité de la rencontre ? Ne s?agit-il, entre interpréter et expérimenter, que d?un malentendu ou d?un litige qui peut être tranché équitablement ou bien le différend est-il plus profond entre deux régimes hétérogènes dont la prédominance de l?un n?apporte que tort et dommage à l?autre?