Khadija Ben Hassine Ksouri, Université de Tunis
Paris : Klincksieck, 1984. [ISBN 2-86563-066-8]. Réédition L’Harmattan, 2006.
La réflexion esthétique est généralement une réflexion de spectateur. L’artiste est celui dont on «reconnaît l’acte sur l’oeuvre »1, celui « que l’oeuvre révèle », l’activité créatrice étant l’objet de la réflexion. «Créer et goûter la création restent deux comportements bien différents (qui) se rencontrent rarement chez un seul individu» 2.
Le livre de Joseph-François Kremer, Les Formes symboliques de la musique, constitue l’une de ces rares occasions où le compositeur interprète est lui-même l’auteur de la réflexion philosophique sur l’art qu’il pratique, une illustration de ce que la dimension créatrice de l’artiste peut apporter à la réflexion philosophique. Pour écrire son livre, Joseph-François Kremer n’a pas eu à se déterritorialiser, à s’installer en observateur analyste sur la rive opposée à celle de l’artiste créateur. La construction conceptuelle du philosophe épris de formes puise sa matière dans la production de plaisir de l’artiste épris de concepts. Le résultat est une esthétique double : esthétique de la création et esthétique de la réception.